Support à la réalisation d’un documentaire (3), une enquête est ainsi récemment venue entacher l’aura de respectabilité revendiquée par le label forestier. Immergée dans les forêts du plateau de Millevaches dans le Limousin, l’organisation internationale des Amis de la Terre a participé à cette investigation et entend faire la lumière sur ce qu’elle dénonce comme étant une véritable « imposture ».
Parmi les nombreuses failles reprochées au label PEFC, est pointée du doigt l’absence de contrôle préalable chez le propriétaire demandeur de la certification. Ainsi, les seules conditions requises pour être certifié consistent en un formulaire à remplir en vue de l’inscription ainsi que l’envoi d’un chèque de cotisation. Passée cette démarche, le propriétaire est autorisé à vendre du bois estampillé PEFC. D’après l’organisation, « De nombreux propriétaires pourtant certifiés depuis des années n'ont jamais été contrôlés par un auditeur indépendant ».
Quand bien même il y aurait inspection, le cahier des charges posant les bases de l’écocertification PEFC se révèle être un pâle reflet des lois préexistantes en ce domaine. Les prétentions environnementales sont laxistes et évasives, désignées sous couvert de terminaisons vagues telles que « s’efforcer de » ou « prendre des dispositions ». D’après les enquêteurs, ce flou entretenu aurait permis à de nombreuses coupes rases (4) de se voir éco-certifier.
Autre pratique suspecte, si la demande de certification des propriétaires est censée être une démarche volontaire et autonome, il apparaît que nombre de demandeurs cèdent à la pression exercée par les exploitants forestiers et les coopératives. Selon les Amis de la Terre, certaines coopératives iraient même jusqu’à envoyer des courriers à leurs adhérents, interprétant l’absence de réponse comme un assentiment en vue d’obtenir la certification.
Si ces dérives sont peu pardonnables de la part d’un système qui doit sa création à la défense des principes même qu’il bafoue, on atteint l’inadmissible avec la dernière révélation relayée par l’ONG. D’après celle-ci, PEFC serait « un label international qui « verdit » le bois issu du pillage des forêts primaires ». Ainsi, en Tasmanie, des forêts primaires, rasées et incendiées au napalm, bénéficieraient actuellement de l’éco-certification PEFC.
Pour l’ONG, la stérilité de ce système se constate d’elle-même : « Le label PEFC est censé garantir une gestion durable des forêts françaises. Or, plus d'une centaine d'espèces animales et végétales qui dépendent des forêts restent menacées d'extinction. La réalité est que les pratiques forestières ont très peu évolué et que les pouvoirs publics ont préféré miser sur la certification plutôt que de renforcer la loi forestière ».
Pour mettre un terme à cette usurpation, les Amis de la Terre, soutenus par deux autres fédérations d’associations locales (5), ont décidé de saisir la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF) sur le motif que ce label est de nature à tromper le consommateur.
Cécile Cassier
1- FSC est l’acronyme de Forest Stewardship Council
2- Programme for the Endorsement of Forest Certification schemes ou Programme de Reconnaissance des Certifications Forestières.
3- Le documentaire est accessible au lien suivant :
http://www.telemillevaches.net/
4- Une coupe rase désigne l’abattage de la totalité des arbres composant une parcelle d’exploitation forestière.
5- Fédération départementale Corrèze Environnement, Franche-Comté Nature Environnement
Pour en savoir plus, se référer à l’article « Certifier l’incertifiable, paru dans le n°23 (janvier / février 2009) du magazine d’Echo Nature (cf ci-dessous)
Suite :
http://www.echo-nature.com/sommaire/cyclones-peche-aquaculture-ostheopathie-ameliorer-isolation-thermique.html
Source :
http://www.univers-nature.com/inf/inf_actualite1.cgi?id=4270